Introduction du vaccin antipaludique RTS,S dans le (PEV): Une décision salutaire du gouvernement béninois

(Un vaccin efficace et gratuit pour l’éradication du paludisme à l’horizon 2030)

Lancé en avril dernier par le gouvernement du Bénin dans le but d’éliminer le paludisme, qui est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans selon le Malaria Atlas Project, le vaccin antipaludique RTS,S suscite des craintes au sein des populations. Pourtant, ce vaccin introduit dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV) est l’une des stratégies incontournables pour faire reculer cette maladie.

Au Centre Hospitalier et Universitaire de la Mère et de l’Enfant Lagune (CHU-MEL) dans le quartier Missebo, au cœur de Cotonou, la métropole économique du Bénin. Ce lundi 24 juin 2024, au service de la pédiatrie. Assise en face du médecin pédiatre avec son petit-fils de cinq ans, qui souffre du paludisme, Mathilde ATTITO, la cinquantaine, suit les consignes relatives au respect des mesures de lutte contre cette maladie. Suite à une question du médecin, elle s’étonne. « Je ne connais pas. Je n’ai jamais entendu parler d’un vaccin anti paludique.» Dans le lot des parents de ce matin, seul Eustache AHOLOU, père de deux enfants, en a une idée vague. Mais, il craint les effets secondaires.

Ces craintes sont à l’origine des réticences au sein de la population. « Je ne permettrai pas que mon enfant soit vacciné. Les blancs sont prêts à tout pour détruire les Africains » soutient A. MAMAN, un cadre rencontré à Maria-Gléta, un quartier de l’arrondissement de Godomey. « Affaire de vaccination, je ne suis pas dedans » poursuit un autre citoyen, qui requiert l’anonymat. Pour le Docteur EL Mourchid BELLO, pédiatre au CHU-MEL, ces craintes ne sont pas justifiées. « Comme les populations ne sont pas informées, elles s’en tiennent aux intoxications diffusées sur les réseaux sociaux » explique-t-il. «Vu ce qui s’est passé avec le vaccin contre le covid 19, les gens sont sur le qui-vive. Ce vaccin est bel et bien fiable.» Renchérit Henriette ABOKI, responsable du service de vaccination du CHU-MEL.

Le pédiatre El Mourchid BELLO, prescrivant une ordonnance à une maman.

En effet, lancé en Avril dernier à Allada, « le vaccin antipaludique RTS,S est un vaccin sûr qui permet de protéger les enfants contre les formes graves de paludisme.», a affirmé le Ministre de la Santé, le professeur Benjamin HOUNKPATIN « Ce vaccin, encore appelé Mosquirix, est un arsenal important dans la lutte contre le paludisme. » complète le Dr Jean Kouamé KONAN, représentant résident par intérim de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Bénin. Ce va-en-guerre contre le parasite plasmodium falciparum, responsable du paludisme est le tout premier vaccin, mis au point par le groupe pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK). Il est administré en quatre doses selon un calendrier vaccinal uniquement aux enfants de cinq à vingt-trois mois. Ainsi, les enfants reçoivent une première dose à l’âge de six mois, la seconde un mois plus tard, la troisième à neuf mois, puis la dernière avant leur deuxième anniversaire. Plusieurs essais cliniques ont démontré l’efficacité du RTS,S qui selon les chercheurs prévient 75% des épisodes de paludisme. Lorsqu’il est administré de manière saisonnière, le RTS,S protège les enfants contre les formes graves de la maladie, une fois vaccinés, ils sont épargnés des décès.

Ces preuves scientifiques fondent les espoirs des autorités sanitaires qui soutiennent que l’introduction de ce vaccin dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV), participera à éliminer le paludisme à l’horizon 2030. Pour ce faire, le Ministre de la Santé estime que les craintes des populations n’ont pas leur raison d’être. Insistant sur l’efficacité et de l’innocuité du vaccin, le Professeur Benjamin HOUNKPATIN rassure les populations réticentes et les exhorte à ne pas se laisser berner par les mises-en-gardes sur les réseaux sociaux. « Ce sont des propos à la limite dangereux sinon assassins pour démotiver et contrecarrer les initiatives pour sauver des vies » s’insurge-t-il

Les populations n’ont pas à s’inquiéter. Le RTS,S est un vaccin sûr et efficace, rassure le Ministre de la Santé.

A dessein

Si le Bénin a opté pour un vaccin contre le paludisme et l’a rendu gratuit pour les parents, c’est à dessein. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, (OMS), au Bénin, près de cinq (5) millions de cas de paludisme et environ dix mille (10.000) décès ont été signalés en 2020 parmi les douze (12) millions d’habitants. Pour le Malaria Atlas Project, en 2022, le paludisme est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans et de morbidité chez les adultes dans le pays. Il est à l’origine de 40% des consultations externes et de 25% des hospitalisations. A en croire les données disponibles sur le site du gouvernement, en 2023, les nouveaux cas de paludisme dans la population en général représentaient 17% chez les adultes et 39% chez les enfants de moins de cinq ans avec un taux de mortalité d’environ cent six (106) décès pour cent mille (100.000) enfants. La nouvelle stratégie vaccinale n’annule pas les précédentes mesures préventives de lutte contre le paludisme, mais les complète. C’est pourquoi lors du lancement du vaccin, le Ministre de la Santé, le Professeur Benjamin HOUNKPATIN a insisté sur cette complémentarité en invitant les populations à ne pas arrêter l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’actions, la destruction des gîtes de productions des moustiques, etc.

Au delà du Bénin

Le Bénin n’est pas le seul pays en Afrique à adhérer au vaccin RTS,S. Plus de trente pays Africains se sont manifestés pour en recevoir des doses. En 2021, le Kénia, le Malawi et le Ghana ont participé à la phase pilote du vaccin. Phase au cours de laquelle, environ deux millions d’enfants ont été vaccinés avec des résultats concluants.

A l’instar de ces pays qui ont déjà fait un bilan à mi-parcours positif, d’ici quelques années, au Bénin, la combinaison de la vaccination avec les autres mesures de lutte contre le paludisme contribuera à réduire les infections liées à cette maladie, surtout chez les enfants de moins de cinq ans.

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