Clarifications des valeurs pour la transformation des attitudes face à l’avortement. Une vingtaine de journalistes et de personnes influentes à l’ABPF
Déla Fidèle TAMADAHO
Discussions sur les questions relatives à l’avortement au siège de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF) du Bénin. Pendant trois jours, du 28 au 30 juillet 2022, une vingtaine de journalistes et de personnes influentes ont participé à un atelier sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes face à l’avortement. Financée par le projet LAD, Large Anonymous Donor, c’est une rencontre d’échanges d’informations éclairées sur cette question sensible.
Déla Fidèle TAMADAHO
Pourquoi les femmes avortent-elles ? Quels sont les obstacles à l’avortement sécurisé, quels sont les droits humains, droits sexuels et reproductifs ? C’est autour de ces questions que les journalistes et les personnes influentes ont échangé au siège de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF).
Pour Florentin MIDAÏSSIN, chef quartier de Sehogan, un quartier de Cotonou, les échanges sont les bienvenues et ont permis de comprendre que dans un contexte critique où la vie de la femme est en jeu, il vaut mieux lui permettre de recourir aux soins de l’avortement sécurisé.
Rédactrice en chef de Radio TOKPA, Sena Léa GLAGO explique que désormais l’avortement est bien cadré avec des dispositifs précis et ne doit se faire que dans des conditions qui sécurisent le droit à la vie. Permettre à la femme de recourir aux soins de l’avortement sécurisé, c’est mettre fin aux avortements clandestins avec ses nombreuses complications. C’est une décision qui nécessite beaucoup de consensus. Précise Léa GLAGO.
Au Bénin, deux cent femmes meurent des suites d’un avortement clandestin et trois avortements sur quatre sont clandestins selon les enquêtes du Ministère de la Santé. Face à ces chiffres alarmants, l’Assemblée Nationale du Bénin a voté en décembre 2021 la loi 2021 portant modification de la loi 2003-04 relative à la santé sexuelle et à la reproduction. Les nouvelles dispositions demandent à la femme de recourir à des soins de l’avortement sécurisé dans une structure sanitaire compétente lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse émotionnelle, éducationnelle, professionnelle ou morale incompatible avec son intérêt et ou de l’enfant à naître.
Indifférente au départ, Grâce MAROYA sage-femme à l’ABPF a été confrontée à la prise en charge d’un avortement clandestin qui l’a amenée à relativiser sa position sur la question. ‘La jeune fille de seize ans avait ses intestins dehors. Sans ressource financière, le personnel de santé a tout mis en œuvre pour la sauver. Mais elle gardera des séquelles à vie. Aussi, la sage-femme de conclure “Il ne faut pas être cramponné sur sa position. Il faut se mettre à la place de la femme demandeuse des soins“.
Directeur de programmes de l’ABPF, le Docteur gynécologue Serge KITIHOUN, a joué un rôle déterminant dans la tenue de cet atelier. Se rappelant du décès d’une voisine qui avait avorté clandestinement, décès qui l’a marqué, il a expliqué aux participants, la nécessité d’offrir les soins de l’avortement sécurisé.
Au terme de la rencontre, les participants ont compris l’esprit dans lequel le législateur a voté cette loi et ont accepté que pour la protection des femmes, il vaut mieux cadrer l’avortement afin d’éviter de faire face à des décès évitables dans la société béninoise.